Les technologies de la singularité - Singularity academy
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Les technologies de la singularité

A l’origine de tes toutes ces évolutions se trouve un changement profond de l’environnement technologique. Les nouvelles technologies ont l’inconvénient de rendre inutiles, obsolètes, encombrants tous les intermédiaires traditionnels. Elles permettent à chacun d’échanger avec chacun directement et de court-circuiter allègrement les hiérarchies et les relais traditionnels. Pire : elles rendent chacun à lui même en lui permettant de se débrouiller seul là où il était jusqu’ici dépendant d’un système social.

Ces “technologies de l’autonomie“ se répartissent en au moins quatre familles.

La puissance de calcul

La fameuse loi de Moore continuant sa course infernale, la puissance de calcul des ordinateurs continue à doubler à peu près tous les ans, ce qui fait que tous les dix ans elle est multipliée par mille. L’ordinateur le plus puissant du monde a atteint le pétaFlop en 2007 (10 puissance 15 opérations par seconde). On attend l’exaFlop pour 2018 (10 puissance 18 opérations par seconde), le zettaFlop pour 2029 (10 puissance 21 opérations par seconde), le yottaFlop pour 2037 (10 puissance 24 opérations par seconde). Cette puissance de calcul est encore amplifiée par une meilleure répartition : sa mise en cloud va permettre à chacun d’utiliser au moment où il en a besoin une grande partie des processeurs inutilisés et donc de s’appuyer sur une architecture massivement parallèle, un peu comme le cerveau quand il fait travailler des milliers de neurones simultanément.

Cette mise à disposition d’une puissance de calcul quasiment infinie à la portée de chacun change la donne. L’exaFlop permet la simulation de l’être humain dans sa complexité moléculaire et donc d’anticiper ses réactions en termes médicaux, marketing ou en situation d’apprentissage. L’avenir est de mieux en mieux maîtrisé. La complexité n’est plus un problème. Contrairement à l’Empire Romain qui n’a pas survécu au poids de sa complexité croissante, la puissance de calcul prolonge la cohérence de l’Humanité qui peu à peu prend des allures d’être vivant. Un cerveau planétaire émerge. Les humains en sont les neurones. Les infrastructures et les machines en constituent le corps et les membres.

L’énergie infinie

Une énergie presque infinie va se mettre au service de cette intelligence presque infinie. A la civilisation des hydrocarbures succède une civilisation de l’énergie solaire, plus propre et encore plus puissante. Aujourd’hui moins de 0,1% de l’énergie du soleil est utilisé sous une forme ou sous une autre. 45 minutes par an du soleil reçu par la terre suffiraient à l’humanité dans les conditions actuelles. L’équipement des panneaux solaires n’en est qu’à ses débuts, en termes quantitatifs mais également en termes de rendement et de coût de revient. Les panneaux solaires actuels ne récupèrent encore que 17% de l’énergie solaire et leur coût de fabrication est descendu de 70$ à 0,70$ au cours de ces quarante dernières années.

La production d’énergie à partir de l’hydrogène est par ailleurs celle qui se prête le plus à la décentralisation. En Allemagne, plus d’un million de bâtiments sont déjà équipés de panneaux solaires dans des jardins ou sur les toits. Des quartiers entiers comme le fameux quartier Vauban de Freiburg produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Un internet de l’énergie commence à émerger qui permettra de répartir directement l’énergie entre les petits producteurs-consommateurs en fonction de leurs besoins du moment. A la production de masse dans de grosses centrales entourées d’une nébuleuse de fils électriques affreux est en train de succéder un paysage de campagne où chaque maison devient à sa manière une mini centrale électrique, une unité de production autant que de consommation. D’une certaine façon on assiste à l’apparition d’une “singularité énergétique”.

Le transport hydrogène

L’énergie autrefois ne pouvait guère être stockée. Il fallait qu’elle fût produite en continu par dans d’immenses “centrales”. Cette présence écrasante de centres rendait fort dépendante les périphéries.

Depuis quelques années, la technologie des batteries a fait des progrès de géants. Aux piles Nickel Cadmium ont succédé les piles Ion Lithium avec les résultats que l’on connaît avec les ordinateurs portables, puis les tablettes dont le poids diminue un peu plus chaque année. A la Prius de Toyota ont succédé la Zoe, la Twizy et la Kangoo de Renault.

Les piles à Hydrogène, qui commencent à prendre le relai, augmentent encore l’autonomie des véhicules. Mercedes a annoncé la production en série pour le grand public de la classe B F-Cell Hydrogène en 2017. Le stockage de l’énergie au format hydrogène va permettre aux voitures mais aussi aux navires ou aux avions de transporter leurs propres recharges de carburant et donc les libérer d’infrastructures coûteuses.

L’internet de l’énergie, sous le nom de « smart grid » va par ailleurs optimiser la répartition locale de l’énergie. Par exemple les véhicules en stationnement pourront, si leur propriétaire le souhaite, revendre leurs excédents de charge éléctrique à d’autres véhicules à proximité. Cumulée aux progrès des matériaux supraconducteurs ou moins chauffant, ces technologies vont réduire considérablement les déperditions : en 2015, presque 80% de l’énergie produite dans le monde est encore gaspillée d’une façon ou d’une autre en chaleur ou dans le circuit de transformation d’une forme énergie en une autre. Avec une réduction de l’entropie, l’autonomie singulière des individus mobiles augmente autant que celle des immobiles.

Les imprimantes 3D

La décentralisation de l’énergie facilite la décentralisation de la fabrication d’objets. Les imprimantes 3D les plus récentes ne sont pas très exigeantes en matériaux de base. La récupération de déchets peut faire l’affaire, comme au Danemark le plastique usagé. Une équipe allemande a démontré qu’on pouvait d’une certaine façon fabriquer tout avec rien ou presque en installant au Sahara une imprimante 3D capable de fabriquer n’importe quel objet en verre à partir de l’énergie du soleil et du sable. Ce genre d’imprimante 3D peut même accroître ses capacités sans apport extérieur. Xerox a mis au point une encre conductrice à base d’argent qui permettrait d’imprimer des microprocesseurs ou des panneaux solaires. L’imprimante RepRap de Bath en Angleterre est même capable de s’auto-reproduire complètement à la manière d’un être vivant.

Ces imprimantes 3D vont affranchir l’individu singulier des usines et des centres industriels. Elles vont lui permettre à toute allure de construire des maisons et des bâtiments, comme c’est déjà le cas dans le Nord du Canada ou dans les camps de réfugiés à la frontière de la Syrie. Elles permettront un jour de construire une base permanente ou une ville sur la lune sans devoir transporter les matériaux depuis la Terre. Elles offriront la possibilité d’imprimer en 3D des prothèses ou des organes pour un prix dérisoire et donc de réaliser à distance des opérations chirurgicales qui aujourd’hui ne sont possibles que pour une poignée de privilégiés dans de grands “centres” hospitaliers. Elles autoriseront peut-être un jour la régénération, la duplication et la téléportation d’organes, puis de pièce détachées en pièces détachés, d’êtres vivants et de personnes humaines.

En attendant commencent à se diffuser un peu partout dans le monde des FabLab équipées d’imprimantes 3D et de matières premières, où chacun peut venir fabriquer ce qu’il lui plait. Comme on a eu des cafés internet on aura des cafés 3D, où pour une somme modique les producteurs-consommateurs pourront fabriquer les objets dont ils ont besoin. Ceci les affranchit du vieux système industriel, économique et monétaire. Ont disparus ou ont été réduits au minimum les coûts de main d’œuvre (pas de salariés), de recherche et de brevets (disponibilités des fichiers en open source), de stockage, d’hébergement, de transport, de circuit de distribution, de services commerciaux, administratifs, comptables ou RH. Les petites villes autonomes peuvent remplacer les grands centres industriels. L’économique se libère de la dictature du monétaire.

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