La dynamique du caractère - Singularity academy
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La dynamique du caractère

Tout prend naissance avec le “caractère” qui est déterminé au le moment de la conception.

Avec le temps qui passe, la personnalité humaine ne cesse de s’enrichir à la manière d’une boule de neige prise dans une avalanche. De ce point de vue la singularité individuelle n’est qu’une illusion commode. Chaque instant me transforme. Il est impossible de me faire tenir à l’intérieur d’un chiffre. Je ne suis pas un être mais un devenir.

Ce “devenir” ne cesse de s’élargir, comme l’Amazone en s’approchant de l’océan. Et plus l’océan se rapproche, plus il est difficile de comprendre la source. Des mécanismes de compensation vont tout au long de l’existence s’accumuler. La métaphore de l’arbre peut aider à comprendre la superposition des couches.

L’écorce du comportement permet à l’arbre de s’adapter à l’environnement, à la situation. La sélection naturelle privilégie partout le plus flexible, le plus attentif aux réalités de son écosystème. Au premier abord, les hommes ne sont souvent que ce que leur situation veut qu’ils soient.

Mais une observation plus attentive fait souvent apparaître une grande stabilité dans le comportement, des récurrences et des automatismes qui ne suivent pas toujours les fluctuations de l’écosystème. Tout se passe comme si, pour s’insérer au sein de son écosystème, l’individu développait une matrice de croyances qui vont lui permettre de vivre en confort. L’universitaire est convaincu de l’utilité de l’université, le juriste de la justice, le politicien de la politique. Sinon comment pourraient-ils vivre ? Nous avons tous besoins de croyances confortables. Ces croyances du dedans ne sont hélas pas toujours aussi souples que le souhaiteraient les caprices du dehors. Une certaine inertie les caractérise surtout quand on vieillit. Cette inadaptation involontaire à l’environnement, fruit d’un déphasage progressif entre la durée intérieure et les rythmes extérieurs marque le point d’entrée de la véritable singularité personnelle. Autrement dit la personnalité “s’affirme” en vieillissant, au fur et à mesure que la capacité d’adaptation extérieure décline. Une vie, c’est souvent l’histoire d’une chanson qu’on chante de plus en plus fort.

Le réseau des croyances peut cependant favoriser l’adaptation extérieure en résistant à la nature intérieure du sujet. Les valeurs véritablement personnelles ont souvent pour vocation de compenser le caractère du sujet, ses prédispositions comportementales héréditaires. Tout se passe comme si la culture avait pout vocation d’être le contrepoids de la nature. Un peu comme l’intelligence décrivait l’aptitude à se conduire contrairement à ses automatismes. Ceci explique peut-être que la somme des qualités et des défauts d’un homme soient souvent une constante, que les grands artistes ou les grands professionnels soient souvent des personnalités difficiles, que l’héroïsme soient plus fréquents chez les êtres tourmentés. Cette singularité subjective semble dialoguer tout au long de la vie avec la singularité objective du Caractère.

Cette couche intermédiaire de l’arbre, faite d’expériences personnelles, de culture du milieu et de scénarios auto-renforcés ne saurait en effet occulter complètement la sève qui coule au cœur de l’arbre, la sève qui lui donne son énergie tout en garantissant la cohérence de son caractère. Le caractère se caractérise par sa stabilité. Il est non négociable. Quand un homme prétend s’affranchir de son caractère pour épouser parfaitement son environnement, il n’a souvent d’autres ressources à terme que de mourir intérieurement… ou de prendre ses jambes à son cou, comme cela arrive quelquefois dans des emplois ou des couples de rêves qui exigent une abdication durable à la nature profonde. Les êtres humains sont comme des plantes : obligées de suivre tôt ou tard leur propre loi, même sans la connaître.

Chacun de nous est une lune avec une face cachée. Cette face cachée ne porte pas nos compétences et nos discours mais elle détermine notre destinée, parfois à notre insu. Masquée par tous les sédiments de l’existence, souvent elle se dérobe. Elle est comme une mosaïque : on ne la comprend plus si on la regarde de trop près.

Pour la saisir la meilleure solution est parfois considérer notre courbe de vie dans sa globalité simple. Ou encore de se lire dans le regard de l’autre. Souvent on ne peut se comprendre que dans le regard de l’autre. Sans miroir, pas d’identité.

La singularité est donc bien plus qu’un chiffre. Elle est une conquête.

 

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