L’entreprise organique
Depuis quelques dizaines d’années commencent à apparaître, en effet, un type d’entreprise très différent du modèle dominant depuis les débuts du capitalisme industriel. Jusque là une entreprise ressemblait à une machine. On pouvait la qualifier de “mécanique” dans la mesure où elle calquait son fonctionnement sur celui des machines qu’elle abritait. L’accumulation de capital rendue indispensable par l’ambition des projets (comme équiper les USA avec des rails d’aciers et des chemins de fer) impliquait une taille critique gigantesque, beaucoup de bras, un minimum de cerveaux, une centralisation maximale et une obéissance inconditionnelle du prolétariat. Les moyens de communication rudimentaires et les consignes circulaient pour la plupart sous forme de notes de services manuscrites. Des chaînes hiérarchiques interminables s’étendaient entre les rares ingénieurs et les armées d’ouvrier. L’information était purement descendante. Dans une usine qui ressemblait à une prison, chaque ouvrier était enfermé dans des horaires figés, à l’intérieur d’une fonction figée, cloisonnée, impersonnelle, répétitive et monotone, n’ayant aucun contact ni avec son patron, ni avec les clients, ni avec les utilisateurs finaux de son travail. Les ouvriers n’étaient au fond que des machines utilisant des machines à l’intérieur d’une machine.